Procédure collective : être acteur de la gestion de ses difficultés !
Nathalie Guyomard, administratrice judiciaire – Cabinet Selas – C.M. Weil & N. Guyomard
□ Constatez-vous une forte progression des défaillances d’entreprises en conséquence de la crise ?
Au contraire, les procédures sont anormalement basses. Cela s’explique par les différents dispositifs d’aides qui accompagnent, mais anesthésient également la prise de décision et la retardent. En cette période d’incertitude, c’est compliqué pour un dirigeant de prendre la décision de déposer le bilan. Ce sera sans doute différent à la rentrée si les carnets de commandes sont en berne.
□ Quelles sont les différences entre une procédure de redressement judiciaire et de sauvegarde d’entreprise ?
Contrairement au redressement judiciaire, la procédure de sauvegarde, rien que par son nom, est beaucoup plus acceptable pour un chef d’entreprise. Ce n’est pas vécu comme un échec personnel. Elle interdit, sauf volonté du dirigeant, la revente de l’entreprise. Mais surtout, le chef d’entreprise caution est protégé pendant les 12 mois de période d’observation, mais également pendant les 10 ans du plan de sauvegarde. Seule obligation, ne pas être en cessation de paiement, ce qui implique d’anticiper le plus possible. Malheureusement, cette procédure très favorable est méconnue et ne représente que 10 % des cas.
□ Comment un administrateur judiciaire peut-il éviter une liquidation ?
Quelle que soit la procédure choisie, il assiste l’entreprise défaillante dans sa restructuration dans le cadre d’un plan de continuité d’activité. Il doit l’aider à renouer avec la rentabilité pendant la période d’observation de 12 mois, en bénéficiant du gel des dettes et de la prise en charge des coûts de licenciement par l’Association pour la gestion du régime de Garantie des créances des Salariés et en utilisant l’ensemble des dispositifs prévus par le Code de commerce.
□ Que recommandez-vous à une entreprise qui rencontre des difficultés ?
L’important est de ne pas faire l’autruche. Le dépôt de bilan peut être une bonne mesure de gestion. Il faut anticiper et surtout demander des conseils. Nous disposons d’une boîte à outils extraordinaire pour éviter la casse. Il faut s’en servir !
Propos recueillis par Patrick Heulin